Un livre né d’une rencontre inattendue qui ne doit pourtant rien au hasard. Laurence Mouillet a formé son regard avec les peintures des primitifs italiens et flamands, avec les expressionnistes allemands et abstraits – mais l’art urbain lui demeurait obscur. Lors de sa première visite à l’atelier du Schlager Club en avril 2019 une étincelle s’est pourtant produite qui a allumé une vive curiosité dans son oeil de photographe. Invitée à y retourner à différentes saisons, elle s’est glissée dans le décor et a regardé les habitants du lieu travailler, discuter, glander, se marrer, échanger, vivre. Son regard a voleté, s’est posé, et son index a déclenché. Elle a aussi glané des impressions qu’elle a tenté de restituer dans des textes. Le résultat est ce livre que nous vous livrons tout cru.
Yrak, Fernand et Sven sont trois artistes nés à l’aube des années 90. Ils ont fait leurs premières armes dans la rue avec des bombes de couleurs avant de se trouver un toit dans la zone industrielle de la Mer Rouge, à Mulhouse. Au milieu des bâtiments en brique, ils ont bâti leur paradis qu’ils ont baptisé Schlager Club. En esthètes habiles et déterminés, ils ont créé sur mesure un lieu adapté à leur pratique picturale et à leur vie rêvée. Aujourd’hui, ils frisent à peine la trentaine et ont déjà la cote sur le marché de l’art.
Yrak peint comme il composerait de la musique avec des lignes claires et des aplats de couleurs. Fernand s’amuse à raconter des histoires à partir d’objets et de motifs accumulés avec méthode. Quant à Sven, il projette le mouvement perpétuel de la ville sur des surfaces qui osent le fluo tapageur comme le noir complet.

Enfant des seventies, Laurence Mouillet est née à Mulhouse. Partie pour explorer le monde, elle a trébuché et s’est finalement arrêtée à Strasbourg où elle travaille pour une chaîne de télévision culturelle franco-allemande. Elle a aussi donné de la voix à la radio, réalisé un documentaire sur sa fabuleuse professeure de chant et fabriqué un clip avec des bouts de ficelle pour un chanteur curieux dans tous les sens du terme. Inlassablement à la recherche de l’image la plus vivante et du mot le plus juste, elle a conscience que sa quête est sans fin – à la différence de la vie qui, un jour, s’achève. Et c’est ainsi qu’elle avance vaille que vaille, son optimisme mélancolique en bandoulière.